LES LUTTES DE SCAER
Le site du Collège en
1910. C'était un champ de
luttes
Il n'était guère de pardon, ni même
de noce, ou l'on ne vit des gars musclés s'affronter dans des tournois de
lutte. La lutte bretonne (gourin ) ,on devrait plutôt dire la lutte celtique,
car elle est pratiquée de la même manière dans les pays celte d'outre Manche,
est beaucoup plus sportive , au sens plein du terme , que la lutte gréco-romaine.
A l'opposée de celle-ci , elle se pratique uniquement debout , et les champions
s'y distinguent non seulement par leur forces virile, mais aussi par leur sens
de la loyauté. Le tournoi s'ouvrait comme au temps de la chevalerie, par un défi.
Quand la foule était assemblée autour de la lice ( le vieux nom était conservé
), c'est à dire en manche de chemise , nu-pieds et les cheveux noués au dessus
de la tête, un lutteur s'emparait de l'enjeu, qui était généralement un mouton, et le
promenait tout autour du terrain. Quiconque voulait le lui disputer s'avançait
alors vers lui, en rejetant sa chevelure pour en former une queue de cheval :c'était
le signe qu'il relevait le défi . Les deux adversaires se faisaient alors face,
et échangeait le serment :"N'emploies-tu ni sortilège ni magie? demandait
celui qui avait lancé le défi. Je n'emploie ni sortilège ni magie, jurait
l'autre, la main droite levée. Es- tu sans haine contre moi?…Je suis sans
haine contre toi…Allons, alors. Je suis de Scaër .Moi je suis de Fouesnant
Ces photo de la collection Villard s ont été prises sur le site du collège Saint Alain vers 1900. Cliquez sur les photos pour les ouvrir dans une autre fenêtre. Pour fermez cette nouvelle fenêtre: cliquez sur la croix |
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Les deux lutteurs se frappaient
trois fois dans la main, faisaient trois signes de croix, puis aussitôt après
s'empoignaient par leurs muscles bandés. Il s'agissait de jeter l'adversaire à
terre , de manière qu'il tombe sur les deux épaules ce qui s'appelle le
lamm . Il fallait pour cela joindre à la souplesse et à l'équilibre
beaucoup de puissance de tous les membres. Dans le passé, la lutte bretonne était
célèbre; le roi François 1er y avait été initié, et cela lui permit de
triompher, au camp du Drap d'or, dans une joute amicale, de son collègue Henry
VIII d'Angleterre .
Les prises et coups employés
avaient nom le kliket, le taol skarz, appelé aujourd'hui taol
biz troad (coup de doigt de pied ) et le peg gourm ou kliket adreñv
( croc-en-jambe arrière) .
Le clan de chacun des lutteurs
encourageait son champion avec la passion que l'on imagine. Car l'honneur de la
victoire ou la honte de la défaite rejaillissaient sur le clan tout entier.
Notons, que cet esprit a survécu : j'assistais en 1964 à un tournoi de luttes
près d'une chapelle de Cornouaille ; l'un des lutteurs, Breton de Paris, s'était
présenté comme originaire de Landerneau, le berceau de sa famille . Il se
trouvait par hasard dans l'assistance quelques braves Landernéens, qui ne le
connaissaient naturellement pas. Mais il fallait voir comme ils se déchaînèrent,
le stimulant par leurs vociférations : " Dalc'h mat, Landerné, bec'h
dezan ! Tiens bon, Landerneau, vas-y ! "
Le vainqueur s'emparait du prix
et, précédé des binious, faisait le tour de la lice. D'autres concurrents
pouvaient alors se présenter et lui disputer le prix . ( d'après un texte de
Y. Brekilien sur la Vie paysanne au siècle dernier).
Le dernier concours au PRE DE LA SOURCE eut lieu en 1922. En 1923, le concours fut transféré au parc du château Cliquez sur la miniature ci-contre pour l'agrandir. Fermez la nouvelle fenêtre en cliquant sur la croix à droite . |