RESTRUCTURATION DE COLLEGES:
Une expérience de Réseau
Une stratégie, aboutissement d'enquêtes menées depuis 4 ans, et dont l'objectif est de préparer l'avenir défendre et animer le milieu ... a été orchestrée dans le Département du Finistère.
"Inutile de gémir, il faut relever le défi." Telle -est la conclusion du Directeur Diocésain Frère KERDONCUF, face à la chute des effectifs, conséquence de la baisse démographique.
Une association entre 2 collèges :
Il existait déjà une association entre les 2 collèges de Saint Alain de -SCAER et Saint Jean Bosco de BANNALEC.
Celle-ci fut créée en 1985, du fait d'un effectif trop faible dans chacun des sites, ce qui pouvait avoir comme conséquence à court terme, la fermeture de l'un, voire des deux collèges.
Cette association qui fonctionne toujours au sein du réseau se caractérise par
* une seule équipe pédagogique,
* un seul organisme de gestion,
* une seule direction.
Les élèves, quant à eux, fréquentent à la fois les 2 collèges : les élèves des classes de Quatrième et Troisième sont les lundis et jeudis à Bannalec, et les mardis et vendredis à Scaër. Il en est de même pour les élèves des classes de Sixième et Cinquièmes.
Une navette assure le transport des élèves d'un site à l'autre.
Les professeurs partagent également leur temps entre les 2 établissements, ce qui a pour effet de rendre parfois difficile l'aménagement des horaires. Afin de faciliter le travail de chacun, et aussi pour des raisons pédagogiques, il a été mis en place des groupes de niveaux - matières.
Cette association fonctionne bien et a surtout l'avantage de maintenir l'emploi là où il était réellement menacé.
A la rentrée de septembre 1990, l'expérience s'étendait à tout le réseau de Quimperlé, qui regroupe les collèges de Scaër-Bannalec, Moëlan-Sur-Mer, le collège Sainte Croix de Quimperlé et le lycée Notre-Daine de Kerbertrand, de Quimperlé.
1 - la situation géographique
Il s'étend sur tout le bassin Sud-Finistère qui va de Scaër à Moëlan-Sur-Mer en passant par Bannalec et Quimperlé.
Il regroupe 1 400 élèves.
Les cinq collèges concernés décident de mettre en commun leur énergie, et travailler conformément au principe même du réseau autour du lycée d'enseignement général et technologique Notre-Dame de Kerbertrand, situé géographiquement au centre du secteur.
2- La Pédagogie
Dès avant la rentrée de septembre 1990, les horaires des personnels enseignants tiennent compte de cette nécessité absolue : la mobilité des professeurs.
Une quinzaine d'entre eux acceptent de s'embarquer dans cette aventure qui, il faut le reconnaître, exige de changer quelque peu les habitudes acquises : aller enseigner dans un autre collège ou au lycée, accepter de se déplacer ; découvrir une nouvelle équipe éducative, s'adapter à de nouvelles méthodes, bref changer quelque chose d'essentiel dans sa manière de faire, n'est pas chose aisée.
Et, il faut le souligner ici, le mérite de ces "pionniers" sans lesquels rien n'aurait été possible.
Précisons que c'est en toute liberté que les uns et les autres ont décidé du choix de tel ou tel établissement.
Un coordinateur par discipline est désigné. Des équipes se sont mises en place et se sont réunies en moyenne une fois par trimestre.
Il s'agissait au sein de chaque groupe de fixer une stratégie au niveau des programmes, des progressions, des évaluations.
Des contrôles communs sont réalisés. Ils ont servi de point de départ à une réflexion dans les différentes équipes pédagogiques pour revoir, si nécessaire, les critères d'évaluation en vigueur dans chaque établissement.
Ce travail a permis, aux dires des intéressés, de mieux appréhender les difficultés qu'il y a de coordonner l'ensemble : par exemple, comment donner un même contrôle sans avoir suivi la même progression et en utilisant des manuels différents.
C'est aussi un moyen de mieux préparer les élèves à l'entrée en seconde. Les professeurs qui ont pris l'habitude de travailler ensemble dans les équipes pédagogiques élargies sont mieux à même de connaître les exigences des uns et des autres.
Ainsi s'établit une stratégie pour la plus grande réussite des élèves. Désormais, ce n'est plus une réunion ponctuelle regroupant des enseignants de 3ème et seconde, mais toute une dynamique menée sur plusieurs années et qui doit aboutir à ce que ce passage du premier au second cycle, souvent si difficile, se réalise en "douceur".
Cette expérience demande à être observée dans le temps, mais déjà une certitude : la mobilité du corps professoral devra s'accentuer.
3 La Gestion
Le problème financier que posent tous ces déplacements, a nécessité une réflexion menée dans le cadre des 7 contrats de qualité, proposée par la Direction Diocésaine, qui demande au Conseil Général du Finistère, de prendre en compte financièrement une partie des frais engagés.
Pour l'année 1990/91, le montant des frais de route occasionnés par le déplacement des professeurs s'élève à143 769 francs pour 89 856 km.
4- Les options
Afin de mener à bien la mise en place des options complémentaires ou spécifiques, chaque collège décide en accord avec toute l'équipe éducative du réseau du choix d'une option, en ayant comme souci de respecter le(s) partenaires, et de veiller à ce que les élèves s'inscrivent dans l'établissement ou l'option sera dispensée.
C'est là un point essentiel, car c'est le signe de la confiance mutuelle que s'accordent les responsables de chaque établissement.
Cette mobilité des élèves pose un problème pour les collèges qui ne disposent pas internat. Pour le secteur de Quimperlé, la mise en place d'un "internat réseau" a été étudiée ; sa réalisation ne pose pas de problème : les élèves disposeraient d'une navette pour se rendre le matin sur le site ou sera dispensé leur enseignement, et regagner le soir l'internat.
Le coût de cette navette entre Quimperlé et Bannalec a été estimé à 108 460 francs. Quant aux dépenses pour l'immobilier de l'internat, elles s'élèvent à 1 million de francs.
5 La pastorale
Si sur le plan pédagogique, les avancées sont sensibles, il n'en est pas de même sur le plan de la pastorale. A ceci, plusieurs raisons
- Chaque établissement a pair tradition, ses manières de faire qui sont très différentes.
- Les collèges surtout ceux qui n'ont plus dans leur équipe de religieux ou religieuses, sont quelque peu à la traîne,,, lorsqu'il s'agit de mener à bien un suivi catéchétique pendant toute l'année.
- Les équipes pédagogiques restreintes et très mobiles sont moins enclines à s'investir dans la catéchèse. Néanmoins, quelques réflexions communes ont été menées et ont débouché sur:
* La nécessité d'avoir un coordinateur afin de mieux gérer le potentiel de chaque établissement et de préciser les besoins tant en personnel qu'en formateurs.
* La nécessité de temps forts vécus en commun.
Dès le mois d'octobre 1990, une expérience a été tentée en ce sens: toutes les classes de Sixième du réseau ont participé à un pèlerinage à l'Abbaye de Langonnet , 1 'encadrement était assuré par toute l'équipe éducative : journée de marche, de prière, de réflexion, mais aussi journée de rencontre.
Quel meilleur moyen pour les élèves de faire connaissance que de se retrouver pour marcher pendant 10 kms ? Et de participer ensuite à un eucharistie où chacun a su apporter ce qu'il venait de partager avec les autres etl'offrir au Seigneur ? Ce fut, aux dires de tous, une grande et belle journée.
6 - L'animation culturelle
Là aussi un effort important est fait dans le cadre du réseau : permettre aux élèves de vivre des activités extrascolaires à des prix plus intéressants : troupes de théâtre, séances de cinéma, voyages à vocation pédagogique.
Le grand nombre de participants est un atout supplémentaire : par exemple, les 16 et 17 mai 1991, les 190 élèves de troisième du secteur se rendaient à CAEN, pour dans le cadre de leur programme d'histoire, découvrir les plages du débarquement, et le mémorial de la Paix. La nécessité de 4 cars pour le transport des élèves nous permet un tarif kilométrique tout à fait préférentiel. L'encadrement sera assuré par la plupart des professeurs d'histoire, un bon moyen de peaufiner sur place un sujet pour un éventuel contrôle des acquis.
UNE CONFIANCE RETROUVEE...
Nous pouvons dire que la mise en place de cette stratégie présente des avantages incontestables : meilleure coordination des équipes enseignantes, recherche de solutions à des problèmes d'ordre pédagogique, structurel, voire administratif.
C'est un moyen de consolider la structure des collèges, le maillon le plus vulnérable de la chaîne. Mais, c'est aussi, en amont, le moyen pour les écoles primaires, de trouver un nouveau dynamisme : un collège solide est la garantie d'une plus grande stabilité des effectifs en primaire-
La réciproque est vraie, car la confiance accordée par les parents à l'enseignement catholique dès le primaire se prolonge généralement pendant le cycle d'observation et d'orientation.
C'est enfin en aval, la possibilité pour le lycée, d'assurer la stabilité des effectifs en seconde et au-delà, de permettre, grâce au plus grand nombre de demandes, l'ouverture de classes post-bac adaptées au choix des élèves et aux besoins socio-économique de la Région. Il va de soi que le choix des parents vers un lycée sera toujours respecté : il n'y a pas et il n'y aura pas d'orientation imposée. Cette stratégie devrait en définitive, permettre à chacun, là où il est, quelque soit son âge et ses aptitudes, de trouver un enseignement qui réponde à ses goûts, ses possibilités, ses ambitions.
Etudier au "pays" et pouvoir demain être un acteur de la vie économique de la Région.. Tel est l'ambitieux défi que se propose de relever l'Enseignement Catholique grâce à la mise en place de ce réseau d'établissements.
Yves SCELO,
Directeur du Collège St Alain - St Jean Bosco
Dossier Collèges "LE DEFI RELEVE"
31 mai 1991