SAINT LOUIS A SCAER

Documents issus des archives de St Louis de Brest,

 

 

photo des élèves de Saint Louis  prise derrière le collège,

classe de 1ère

1942

 

La rentrée du College  Saint-Louis aura lieu le lundi 6 octobre à Scaër. pour les élèves des classes de I0 ème à Seconde incluse et le jeudi I6 octobre pour les élèves de Première, Philosophie et Math-Elem.

Ces jours-là, les élèves seront sur la place de La Gare, au plus tard 8 heures du matin. Les Professeurs et Surveillants s'occuperont d'eux immédiatement.  Nous désirons que les parents ne prennent pas le train ces jours-là.

Nous ne voulons pas de malles, nous tolérons les valises ,nous préférons les paquets avec toile d'emballage.  Tous les colis devront porter l'a­dresse:nom, prénom, et numéro des élèves ,Collège ST-LOUIS,  Scaër. Un fourgon recevra les bagages jusqu'à 30 kg par élève.  Au-dessus(le moins possible) il faut les bagages à main,

Les élèves seront reçus en cours de route dans le même train. Ceux qui ne sont pas de l'agglomération brestoise(Brest,Saint-Marc, Saint-Pierre,Lambézellec,Le Relecq-Kerhuon) devront prendre des billets pour Scaër.  Tous apporteront un repas froid pour le déjeuner de midi.

Le prix de la pension est de I800 francs par trimestre, payable d'avance .Les réfugiés de l'agglomération brestoise percevront une allocation de 10 à 12 francs suivant l'age qui sera déduite en fin de trimestre.

il n'y aura pas d'abonnement au beurre. L'école fournira des tartines beurrées le matin et du café à 4 heures sans supplément .

Le trousseau est laissé à l'initiative des mères de familles. En cas de gêne l'école peut fournir les draps (pas les serviettes) moyennant un a­bonnement de IOO francs par an. Tous les élèves devront avoir un petit sac à linge de 0 m 50 sur 0 m 40 environ, portant le nom et le numéro. Sur se­maine ils porteront des sabots de bois (nous pourrons en fournir au collège ), des sabots galoches  le dimanche;une paire de .souliers et deux paires de chaussons sont en outre indispensables.

 

Le Supérieur :Chan.A.Guillermit. Directeur

 Grâce à l'énergie déployée par Monsieur GUILLERMIT, le collège Saint Louis comptait en 1938 un millier d'élèves.  Quel succès! nous sommes loin des 594 élèves de 1924.  Le Supérieur voulait faire encore mieux mais la guerre survint à nouveau et il vit avec la tristesse que l'on imagine une partie de sa maison réquisitionnée par les troupes françaises qui en firent en 1940 un hôpital auxiliaire.  L'arrivée des allemands entraîna une nouvelle occupation des lieux, bien moins réjouissante celle-là.  La cohabitation ne fut pas toujours des plus aisées et il fallut même beaucoup de diplomatie au Supérieur pour obte­nir de l'occupant une certaine limite à ses prétentions.  Il fallait ruser aussi, c'est ainsi qu'un jour, à l'occasion d'une relève d'unité, il réussit, avec la complicité de I'Économe, à récupérer deux salles de classe que le groupe précédent avait occupées.

Brest commençait à subir de sérieux bombarde­ments de la part des aviations alliées et il fallut bien vite se faire à l'idée que les destructions iraient en s'amplifiant, empêchant par là même le bon fonctionnement de l'école.  Le Supérieur dut prendre une décision ; il cher­cha dans tout le diocèse des bâtiments susceptibles d'abriter ses élèves et c'est ainsi que son choix s'arrêta sur les locaux vides de l'ancienne école primaire des Frères à Scaër.  Le déménagement eut lieu au mois d'août 1941.  Les professeurs logeaient chez l'habitant, une salle de bal servait de dortoir.  L'exil dura quatre ans' durant lesquels Mr GUILLERMIT fut confronté à des problèmes d'intendance, de scolarité, de contact avec les familles restées à Brest, etc.. Lorsque la nouvelle de la destruction du collège brestois parvint à Scaër, Mr le Chanoine LE MEUR dit à Mr GUILLERMIT : «Que veux-tu ? Tu as assez fait pour ton collège; tu passeras la maison à un autre», celui-ci répondit alors : «Non, s'il le faut je le rebâtirai pierre par pierre !», illustrant ainsi les vers de Kipling «Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie, et te baisser pour le reconstruire... tu sera un homme, mon fils».  Lorsqu'en octobre 1945 il eut enfin l'autorisa­tion de retourner à Brest, son premier souci fut de faire édifier des baraquements pour rouvrir le collège au plus vite

 Le 18 juin 1940, les allemands rentraient dans Brest évacuée par les troupes françaises et britanniques.

Tout de suite ils occupèrent une partie des bâtiments de l'école.  La ville ne tarda pas à subir ses premiers bom­bardements du fait de la R.A.F. (Royal Air Force) et de l'U.S. Air Force.  Ceux-ci - n'allèrent qu'en s'amplifiant, rendant progressivement la situation intenable; à tel point qu'il fallut en 1941 fermer les écoles par mesure de sécurité.  Au mois d'Août, le Supérieur prit la décision de transférer le collège à Scaër dans les immeubles d'une ancienne école des Frères, l'école Saint Alain.  L'aména­gement se fit en Septembre et Octobre.  M. François BARZIC aida M. MÈSSAGER à refaire toute l'installa­tion électrique de, l'école et de la salle de danse transfor­mée en dortoir.  Les professeurs logeaient chez l'habi­tant.  Cet, exil dura quatre longues années.  De nombreux anciens élèves et professeurs aiment à se souvenir aujourd'hui encore de cette époque héroïque et il y a  grand plaisir à les entendre narrer cette période avec une -émotion bien compréhensible qui se double d'une certaine nostalgie.

 Ce n'est qu'en 1945 que M. le Supérieur obtint l'autorisation de rouvrir le collège de Brest.  De Saint­ Louis, il ne restait, hélas, que ces ruines, tout avait été rasé, notamment lors du siège de Brest où l'incendie acheva le travail des bombes et des obus.  Seul, sur la façade de la Chapelle, le grand Christ étendait les bras (il se trouve aujourd'hui à l'entrée de l'école Charles de Foucauld, rue de Quimper).  Le collège s'installa à l'Harteloire dans des baraques transportées de Scaër.  Plus de 350 élèves étaient admis dans un cadre bien -Misérable, les professeurs n'avaient pas de chambres et couchaient en dortoir.  Bientôt, il y eut deux bâtiments de Guerre dont l'un avait un étage dans lequel furent aména­gées de petites cellules destinées à servir de chambres aux professeurs.  Mais le chanoine GUILLERMIT, dont on fêta en 1948 le jubilé, 25 ans à la tête du collège, songeait déjà au définitif et entreprit les démarches afin de construire un nouveau collège sur un terrain acquis au Bot, près du stade de l'Armoricaine.